Comment booster son intuition ?

  • 12 Décembre 2020

Mystérieuse et déroutante, notre intuition est un précieux guide face aux difficultés de la vie et aux nombreux choix qui s’offrent à nous. Faut-il lui faire confiance ? Peut-on la travailler ? On vous dit tout sur cette autre forme d’intelligence.

Appelée intuition ou petit doigt, nous possédons tous une voix intérieure que nous choisissons d’écouter (ou pas) lorsqu’elle se manifeste dans notre vie. Que traduit-elle ? Qui nous parle ? Notre instinct, dirigé par le cerveau reptilien, qui se manifeste lorsque notre survie est en jeu et provoque des réactions sur lesquelles nous avons peu de contrôle. Mais aussi et surtout, de manière continue, notre intuition, qui s’avère être un précieux guide à condition de l’entendre.

Si l’instinct est inné, caractéristique de notre espèce (nous partageons tous les mêmes réflexes face à un danger), l’intuition est propre à chaque individu. Elle est le fruit de notre expérience et de notre vécu, traduit par notre inconscient en une certitude diffuse et inexplicable. Sophie Burnham, auteur de The Art of Intuition, la définit joliment ainsi : « le fait de savoir quelque chose sans avoir aucune idée de pourquoi on le sait. C’est différent de la pensée, c’est différent de la logique ou de l’analyse… C’est savoir sans savoir. » Cette absence (apparente) de rationalité est parfois déroutante : l’intuition résulte de processus inconscients (rappelons qu’environ 90% des processus de notre cerveau sont inconscients, autant dire qu’on sait à peine ce qui s’y passe), et seule la conclusion est rendue disponible à notre conscience. En découle un sentiment d’évidence sur une situation, une affirmation : nous savons sans pouvoir l’expliquer quel choix est juste, si notre interlocuteur est sincère ou pas…

D’où vient l’intuition ?

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’intuition n’est pas de la magie ou de la divination. Herbert Simon, chercheur en sciences cognitives, sociologue et économiste américain ayant reçu le prix Nobel de l’économie en 1978, résumait ainsi le fonctionnement de l’intuition : « La situation fournit un indice, cet indice donne à l’expert un accès à une information stockée dans sa mémoire, et cette information, à son tour, lui donne la réponse. L’intuition n’est rien moins que de la reconnaissance ». Reconnaissance de situations auxquelles nous avons déjà été confrontés, de près ou de loin, et qui ont permis à notre cerveau d’emmagasiner des signaux, des informations, des émotions qui lui permettent d’élaborer une réponse intuitive lorsqu’il reconnaît un élément familier de ce puzzle. Certains neuroscientifiques nomment l’intuition « inconscient d’adaptation », comme l’explique la neurologue Régine Zékri-Hurstel (co-auteur du Temps du Goût, éditions Privat, 2010), composé d’informations sensorielles captées par notre cerveau mais qui ne parviennent pas à notre conscience.

Faut-il toujours suivre son intuition ?

Oui, nous dirait certains Allemands de la fin du XIXe siècle, qui, sur la base des travaux de Johann Heinrich Pestalozzi, un pédagogue suisse, ont développé une forme d’enseignement primaire appelée « Anschauung », ou « intuition sensible ». L’idée ? Lutter contre l’enseignement mécanique et la passivité intellectuelle, et faire à la place appel à l’observation, le jugement, la spontanéité des enfants, guidés en cela par leur professeur. Cette tendance pédagogique se retrouve dans les « Leçons de choses » enseignées en France à la même période. Le philosophe allemand Schopenhauer va dans le même sens en affirmant que l’intuition est la marque de fabrique de toutes les œuvres de génie, rien que cela. Oui, dit encore Régine Zékri-Hurstel, pour qui l’intelligence intuitive contribue à notre bonheur en utilisant les données collectées dans notre environnement et notre présent en vue améliorer notre devenir.

Non, nous dirait le psychologue et économiste Daniel Kahneman, qui rappelle qu’une intuition peut être le résultat d’informations superficielles, sans que l’individu qui la ressent réalise qu’il lui manque des éléments de connaissances. Deux conditions doivent être réunies pour qu’une intuition soit fiable : tout d’abord, la régularité et la « prévisibilité » de l’environnement, et ensuite une longue pratique de cet environnement par l’individu. On vous laisse faire le tri dans tout ça…

Peut-on développer son intuition ?

L’intuition est à la portée de tous, et n’est pas réservée à certains élus. Chacun accumule une expérience, un vécu, qui est ensuite traduit par l’inconscient en certitudes fulgurantes ou réactions corporelles plus ou moins marquées. Certains choisissent d’en tenir compte, d’autres non, et c’est là qu’il est possible de travailler. Nous constitutons au fil de notre vie une banque de données sensorielles, qui évolue sans cesse au gré de nos expériences : plus on y est connecté, et plus notre capacité intuitive est développée. Et cette certitude intérieure, construite à partir de nos besoins et ressentis, s’avère parfois une précieuse boussole, orientée vers notre bien-être personnel, lorsque nous sommes confrontés à un choix difficile ou une situation confuse. Si vous avez du mal à entendre votre voix intérieure, des exercices de relaxation et d’introspection pratiqués régulièrement vous aideront à lui laisser de la place. Soyez à l’écoute de vos besoins profonds, sans chercher à apporter des réponses rationnelles, prenez le temps de laisser mûrir ce qui vient de plus loin : vous serez surpris du cheminement intérieur qui se mettra alors en place.