Comment être plus heureux ?
Définir le bonheur ? Mission impossible. Chacun a le sien. En théorie, c’est un état durable de satisfaction existentielle. Bref, quelque chose qui n’existe pas. «J’ai reconnu mon bonheur au bruit qu’il a fait en partant» a écrit Jacques Prévert. C’est hélas souvent le cas. D’ailleurs, comment jouir et se réjouir quand le monde va si mal, que les soucis s’accumulent et qu’on a conscience de sa mortalité ? Les pros de la sagesse nous donnent quelques clés.
1.Cultiver l’art de la joie
«Je pense qu’il est intéressant de substituer la notion de joie à celle de bonheur, estime le souriant philosophe Charles Pépin, auteur de La Confiance en soi et du roman La Joie aux Editions Allary. La joie étant une émotion qui jaillit, impromptue, surprenante et qui s’accommode très bien de la difficulté et de la misère du monde.» Pour lui, nous pouvons l'éprouver même dans l’adversité. Quand le bonheur n’est plus possible, la joie, elle, demeure possible. Elle peut se trouver partout, tout le temps : dans le corps, le sien et celui de l’autre, dans la beauté d’un ciel, une musique, une lecture, une conversation avec les gens qu’on aime...
2.Arrêter de se comparer
Chaque année, Les Nations Unies publient la liste des pays les plus heureux. Après le Danemark en 2016 et la Norvège en 2017, le gagnant 2018 est la Finlande. Les Etats-Unis, en 18ème position reculent de quatre places. Et La France, ce pays béni des dieux où tout le monde déprime ? Et bien, elle arrive à la 23ème place mais, bizarrement, en a gagné huit !
«C’est en nous et non dans le regard des autres, ni dans la compétition que l’on peut trouver la capacité d’être présent, d’aimer, de s’émerveiller, de créer, de savourer, de transmettre, d’apprendre» a dit le philosophe indien Krishnamurti. Un avis partagé par Charles Pépin qui invite chacun à se recentrer sur ses propres désirs. Dans cette optique, il met en garde contre les réseaux sociaux. En mettant en scène des vies idéalisées, ils ne font qu’alimenter la frustration. Lui, prône la joie lucide : «Je sais que le monde est imparfait ; je sais que je suis imparfait ; je sais que ma réalité n’est pas à la hauteur de mon idéal ou de mes idéaux mais ça ne m’empêche pas d’aimer ma vie.»
3.Ne pas confondre plaisir et bonheur
«Bien sûr, le confort matériel et le plaisir participent au bonheur mais ils ne suffisent pas, loin de là » confirme Erwan Deveze, consultant en neurosciences. Ils déclenchent une cascade de neurotransmetteurs comme la sérotonine, la dopamine, l'ocytocine... Toute cette neurochimie participe à un état de bien être passager, certes bien agréable mais qui ne dure pas. Pour notre expert, il ne faut pas opposer l'un à l'autre. Il est tout à fait normal et souhaitable de s'octroyer des petites satisfactions hédoniques qui alimentent le circuit de la récompense mais elles ne comblent pas l’être humain à long terme. Si on compte sur la consommation à outrance pour être heureux, on va dans le mur. On devient comme un junkie et il nous en faudra toujours plus.
4.Créer du lien
Toutes les études sur le bonheur le démontrent et notamment la plus longue de l’histoire menée par l’Université de Harvard de 1938 à 2015 : ce n’est ni la richesse, ni la célébrité qui rendent heureux mais la qualité des relations. Avec sa famille, ses proches, ses relations, la communauté. L’enfer, ce n’est décidément pas les autres. Au contraire.
5.Chercher du sens
Pour Florence Servan-Schreiber, «professeure de bonheur» et auteure de 3 kifs par jour et Power Patate aux éditions Marabout, une vie heureuse est une vie qui a du sens. Le fait de participer, de s’engager, de faire des choses, de produire, de fabriquer, de créer, de partager provoque un réel sentiment de bonheur profond et durable. Les neurosciences confirment : l’accomplissement, l’engagement au quotidien et la recherche de sens permettent une activation cérébrale autrement plus riche et globale que les petits plaisirs fugaces.
6.Chérir ses qualités
Comment vivre heureux si on ne s’aime pas ? Florence Servan-Schreiber rappelle les bases de la psychologie positive : plutôt que de se focaliser sur ses défauts et chercher à les améliorer, au risque de (se) décevoir et de se décourager, il faut au contraire cultiver ses points forts. Arrêtons de nous corriger sans cesse et optimisons ce que l’on fait de mieux.
7.Dire merci
À soi et aux autres. Même au fond du trou, il faut trouver un moyen d’exprimer sa gratitude. À qui ? À qui vous voulez, y compris à vous.
8.Respecter son corps
Cela semble basique et bêtasson mais l’alimentation, le sommeil, l’exercice physique, la lumière, la connexion avec la nature contribuent énormément à l’état de plénitude. Le simple fait de sortir chaque jour en plein air améliore l’humeur et la vitalité car la première condition du bonheur, c’est d’être en vie et en bonne santé.
9.Vivre le présent
C’est-à-dire arrêter de se projeter en avant et de regarder en arrière pour vivre pleinement le moment présent. «Cela peut faire sourire, commente Erwan Deveze, vous allez penser : "encore ces méditants qui vont expliquer le monde", mais du point de vue des neurosciences on a une foule d'études qui démontrent combien cette activité de focalisation sur le présent modifie le fonctionnement du cerveau en profondeur. De même, switcher son cerveau en mode positif le modifie peu à peu en profondeur. Donc il ne faut pas s'en priver.»