Imaginons ne pas vieillir, toujours rester jeune, beau et en parfaite santé.
Allons plus loin : rêvons à cette possibilité improbable de ne pas mourir.
Restons éternellement !
Serions-nous dans une situation merveilleuse ?
A priori, oui.
Peu de personnes souhaitent mourir en pleine jeunesse et en parfaite santé.
Serait-ce donc un état de perfection ?
Pas certain. Sans le risque de mourir, plus rien ne pourrait nous arrêter. Nous serions capables de tous les excès, de toutes les folies, rouler en voiture à des vitesses vertigineuses, manger n’importe quoi et n’importe comment, et tant d’autres choses qui progressivement nous amèneraient sur des chemins sans délicatesse ni subtilité. Très facile alors de basculer dans l’arrogance, comme le sont certains jeunes sûrs de leurs forces montantes. Par notre insolence face à la vie, nous serions dans un monde épouvantable, violent, méprisant. Une vie éternelle dans un monde d’orgueil, quel enfer !
Heureusement que la mort existe, pour nous amener à la modestie, à la retenue, à la finesse des gestes et des pensées, pour nous faire cheminer sur des chemins plus intériorisés. L’échéance de la mort nous pousse alors à l’excellence de chaque instant.
Et le vieillissement, alors ?
Il peut être douloureux pour certaines personnes de voir les rides raviner leur visage des jeunes années, de constater la chute des cheveux avec impuissance, de sentir le corps se raidir, s’arrondir, se voûter. Sans compter la maladie et les souffrances associées.
Nous ne sommes pas tous égaux devant les marques du temps sur notre corps. Mais la prévention au vieillissement ne commence pas lorsque les années pèsent sur nos articulations, mais dès notre jeunesse. Une vie saine, avec un dos vertical, une alimentation légère et de belle qualité, des sentiments paisibles et des relations humaines harmonieuses sont les meilleures préventions à l’usure corporelle. Un corps souple et un esprit flexible apportent une certaine sérénité. Avoir un joli minois à vingt ans ne demande aucun effort, sculpter un visage de vieillard irradié par une beauté intérieure devient une œuvre d’art.
Le vieillissement nous oblige à accepter l’impermanence de notre beauté, de notre jeunesse. Grâce à cette évolution naturelle, nous arrivons au cœur des principes bouddhistes d’acceptation, d’humilité, d’attention, d’amour et de respect de cette vie si fragile qui nous habite et nous entoure.
Ainsi va la vie sans le vieillissement et la mort, elle ne saurait être.