NEUROSCIENCES : Quelles sont les bonnes questions à se poser pour mieux gérer le stress ?

. Comment distinguer le bon du mauvais stress ?

Le stress est la réponse physiologique - c'est-à-dire normale - de notre organisme pour s'adapter à une situation inattendue. Elle peut s'avérer cruciale pour éviter un accident ou pour mobiliser le meilleur de ses capacités lors d'un rendez-vous important. Le responsable de son déclenchement est le cerveau : dans certaines situations, il active le système nerveux autonome (qui contrôle les fonctions non volontaires du corps comme la respiration) et stimule la sécrétion d'hormones telles que l'adrénaline et le cortisol. Conséquences : accélération du rythme cardiaque, augmentation du tonus musculaire et de la pression sanguine, élévation du taux de sucre et de graisses dans le sang, ralentissement des fonctions digestives… À court terme, ce "bon stress" permet de mobiliser toutes les ressources physiques et cognitives nécessaires pour réagir face à un danger par exemple. En revanche, s'il s'inscrit dans la durée, il devient un "mauvais stress". Celui-ci peut alors être associé à une fatigue accrue, à des troubles du sommeil ou de l'humeur, à une somatisation (maux de ventre, de tête ou de dos par exemple), à une anxiété et à des troubles cognitifs. Si ces manifestations se cumulent et perdurent, elles doivent inciter à réagir. Car un stress chronique a des conséquences négatives sur la santé sur le long terme.

2. Quels sont ses effets démontrés sur la santé ?

Parce que le stress affecte le fonctionnement de notre organisme, il peut être un facteur de risque important de certaines pathologies lorsqu'il s'installe de façon chronique. En 2009, une étude de l'université de Copenhague (Danemark), publiée dans The Journal of Internal Medicine, a montré qu'il existe un lien entre stress et diabète, mais aussi avec des maladies cardio-vasculaires telles que l'hypertension et la maladie coronarienne (dépôt de plaques d'athérome dans les artères qui irriguent le cœur). Cela a été confirmé par de multiples études, dont une publiée en 2019 dans The British Medical Journal. Des chercheurs islandais et suédois y montraient que le stress chronique augmente de 60 % le risque global de maladies et accidents cardio-vasculaires. Par ailleurs, en collaboration avec des Britanniques et des Finlandais, une équipe Inserm du Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (Villejuif, Val-de-Marne) a révélé en 2013 dans The European Heart Journal que parmi les personnes stressées, celles qui pensent que leur état peut avoir un impact sur leur santé ont deux fois plus de risque que les autres d'avoir une crise cardiaque.

3. Sommes-nous tous égaux face au stress ?

Non, certains y sont plus sensibles que d'autres, et ce pour des raisons tant innées qu'acquises. Ainsi, des études psychosociales suggèrent qu'une exposition au stress durant les premières années de vie augmenterait ensuite la sensibilité à l'âge adulte.

Par ailleurs, les effets du stress chronique peuvent venir s'ajouter à des facteurs de comorbidité : une étude publiée dans Diabetes Care en 2016, réalisée par une équipe américaine qui a suivi pendant 5 ans plus de 22.000 personnes dont 4000 diabétiques, montre que "le stress comorbide ou les symptômes dépressifs sont courants chez les personnes atteintes de diabète et, ensemble, sont associés à des risques progressivement accrus d'issues cardio-vasculaires défavorables. " Mais certaines personnes revendiquent leur besoin de ressentir le stress, par exemple pour travailler avec davantage d'efficacité. Même si cette nécessité est bien gérée au niveau psychique, elle s'accompagne néanmoins de risques pour la santé sur le long terme.

4. L'activité physique a-t-elle un impact sur cet état ?

Si elle est pratiquée de façon modérée et régulière, l'activité physique est un bon moyen de lutter contre le stress. Elle stimule en effet la production d'endorphines dans le cerveau, ce qui a pour effet de réduire le stress et l'anxiété. Elle lutte aussi directement contre ses effets néfastes sur la santé, au niveau cardiovasculaire notamment. Mais attention à ne pas trop en faire. Ainsi, dans une expertise collective publiée par l'Inserm en 2008 sur les effets sur la santé de l'activité physique, on peut lire que "l'exercice physique d'intensité modérée apparaît bien avoir un effet à court terme sur des états d'anxiété chez des populations non pathologiques ou pathologiques et peut être utilisé pour diminuer ce vécu. Mais la pratique physique intensive apparaît au contraire pouvoir déclencher rapidement une augmentation de l'anxiété d'état et provoquer des réactions de stress chez des populations anxieuses, en faible condition physique ou âgées. "

5. Est-il contagieux ?

Oui, et cela a certainement sauvé la vie de nos ancêtres à plus d'une reprise face à des prédateurs ! Mais dans les sociétés modernes, cette contagiosité du stress est plutôt devenue un problème. En 2007, des chercheurs allemands ont publié dans Scientific Reports une étude décryptant les mécanismes de ce stress transmis, expliquant notamment que la contagion existe en dehors même de toute verbalisation, et qu'elle est plus importante chez les personnes qui se montrent par ailleurs plus empathiques. Rappelons d'ailleurs que la prise en charge du stress repose aujourd'hui essentiellement sur un accompagnement psychologique et comportemental. Et qu'en dehors d'un état dépressif ou de stress post-traumatique, les médicaments n'ont pas démontré leur intérêt. Pas plus que les suppléments alimentaires ou la phytothérapie.

"Contraintes et incertitudes sont des facteurs majeurs de stress"

Interview du Pr Nicolas Franck : psychiatre au Centre hospitalier Le Vinatier (Lyon) et auteur de Covid-19 et détresse psychologique. 2020 l'odyssée du confinement (Odile Jacob, 2020).

Comment évaluer l'effet de la crise sanitaire sur le niveau de stress de la population ?

Pr Nicolas Franck : On peut le faire de deux manières : en mesurant l'incidence des troubles psychiatriques ou en s'intéressant à la santé mentale de la population en tant que capital qui peut se dégrader. Le bien-être mental des Français s'est altéré dès le premier confinement et n'a pas arrêté de se s'affaiblir au fil des épreuves successives.

La vague 28 de l'étude CoviPrev (étude en population générale pour suivre l'évolution des comportements - gestes barrières, alimentation, activité physique… -et de la santé mentale) menée début octobre 2021 par Santé publique France a révélé que 26 % des Français montraient des signes d'un état anxieux, soit 12 points de plus que le niveau hors épidémie, et 7 points de plus par rapport à la mi-juillet 2021.

Comment expliquer cette évolution ?

Le stress a augmenté pour différentes raisons. Au départ, à cause de la peur de la maladie et de la mort. Puis sont arrivées les contraintes sociales et physiques, les restrictions de liberté, de liens sociaux et d'accès à la culture notamment. Sans compter que les règles changent régulièrement et que nous ne savons jamais vraiment pour combien de temps elles vont s'appliquer. Or, contraintes et incertitudes sont des facteurs majeurs de stress.

Que faut-il en retenir ?

Que la santé mentale est une donnée essentielle lors d'une telle crise sanitaire et qu'elle ne doit surtout pas être négligée. Concrètement, cela signifie que les autorités sanitaires doivent communiquer à son sujet, donner des conseils pratiques à la population pour se prémunir du stress et des ressources à solliciter lorsque notre santé mentale se dégrade.

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